Ces deux-là [Sanders & Trump] mettent-ils la démocratie américaine en danger ? Imaginons Trump Président. Il découvrirait dès les premiers jours que le Président américain est Gulliver ficelé par des nains, avec bien peu de pouvoirs réels. Les Pères fondateurs qui ont formulé la Constitution, immuable depuis plus de deux siècles, l’ont voulu ainsi : se méfiant de la tentation du pouvoir et de celle d’en abuser, ils ont conçu un système ingénieux d’équilibre des forces où nul, surtout pas le Président, ne peut imposer ses lubies. Si le Président tentait de contourner la Constitution, il serait destitué par le Congrès, la Cour Suprême annulerait ses décisions : les Présidents, qui par le passé furent tentés d’outrepasser leurs pouvoirs, furent ramenés à la raison, Andrew Jackson, Theodore Roosevelt, Franklin D. Roosevelt. La Constitution l’emporte sur les hommes et les Américains vénèrent la Constitution bien plus que qu’ils ne se rallient aux politiciens. Les Etats-Unis n’ont jamais eu leur Mussolini, Hitler, Franco, Salazar ou Pétain et on ne l’imagine pas autrement : la démocratie américaine n’est pas en danger. Le paradoxe du moment est que Trump et Sanders surgissent, alors qu’aucune circonstance objective ne le laissait prévoir. Le fascisme surgit d’ordinaire en temps de crise, alors qu’aux Etats-Unis, la crise est terminée. Sans doute faut-il chercher l’explication ailleurs : une grande partie de la Droite américaine n’a toujours pas digéré que le Président soit Noir et une grande partie de la Gauche est déçue par le manque d’audace d’Obama. | GUY SORMAN
Leer el artículo completo,
aquí